Le Plan d’Épargne Retraite (PER) est devenu depuis la loi PACTE un outil incontournable pour préparer sa retraite tout en bénéficiant d’un avantage fiscal. Mais ce qui attire vraiment l’attention des épargnants, c’est sa fiscalité. Entre la possibilité de déduire les versements volontaires de son revenu imposable, les règles applicables pendant la phase d’épargne, et les différents modes d’imposition à la sortie (capital, rente viagère ou mixte), le sujet peut sembler complexe.
Comprendre la fiscalité du PER est pourtant essentiel pour optimiser ses économies d’impôt, anticiper sa retraite et éviter les mauvaises surprises. Cet article va passer en revue l’ensemble des règles fiscales applicables au PER : à l’entrée, pendant la phase d’épargne, et à la sortie, avec des exemples concrets, des comparaisons avec d’autres placements (assurance-vie, PEA) et des conseils pour bien utiliser les plafonds de déduction fiscale.
Sommaire
ToggleQu’est-ce que le PER et pourquoi sa fiscalité est centrale ?
Le PER est un produit d’épargne retraite mis en place par la loi PACTE en 2019, qui a remplacé progressivement les anciens dispositifs comme le PERP (Plan d’Épargne Retraite Populaire) et les contrats Madelin retraite. Son objectif est double :
- Constituer une épargne retraite sur le long terme.
- Permettre aux épargnants de profiter d’avantages fiscaux immédiats ou différés.
Il existe trois formes de PER :
- Le PER individuel (PERin), accessible à tous.
- Le PER d’entreprise collectif (PERECO), souvent alimenté par l’épargne salariale (intéressement, participation, abondement).
- Le PER obligatoire (PERO), mis en place par l’employeur avec des cotisations obligatoires.
Pourquoi sa fiscalité est-elle si importante ? Parce qu’elle conditionne le rendement net de l’épargne et permet de réduire son impôt sur le revenu dès aujourd’hui, tout en préparant un complément de retraite pour demain.
Fiscalité du PER à l’entrée
Versements volontaires et déduction fiscale
Les versements volontaires effectués sur un PER peuvent être déduits du revenu imposable. Concrètement, cela signifie que les sommes versées réduisent l’assiette imposable de l’impôt sur le revenu, dans la limite d’un plafond annuel.
- Pour un salarié, le plafond correspond à 10 % des revenus professionnels nets de l’année précédente, dans la limite de 8 fois le PASS (Plafond Annuel de la Sécurité Sociale).
- Pour un non-salarié (TNS), la règle est adaptée : la déduction peut aller jusqu’à 10 % du bénéfice imposable (BIC, BNC, BA), avec une majoration possible.
Exemple : un salarié ayant 40 000 € de revenus imposables pourra déduire jusqu’à 4 000 € de versements déductibles.
Il est possible de choisir de ne pas déduire ses versements. Dans ce cas, les sommes versées ne procurent pas d’économie d’impôt immédiate, mais la sortie en capital sera beaucoup plus légère fiscalement.
Abondements et cotisations employeur
Dans un PERECO ou PERO, l’abondement de l’employeur et les cotisations obligatoires bénéficient aussi d’un traitement fiscal avantageux.
- Ils ne sont pas soumis à l’IR immédiatement.
- Ils peuvent, en revanche, être soumis à certaines cotisations sociales.
- La différence entre un PERCO et un PERO se joue dans le caractère facultatif ou obligatoire des cotisations.
Fiscalité pendant la phase d’épargne
Pendant la phase d’épargne, le PER bénéficie d’un cadre fiscal attractif :
- Les plus-values et intérêts générés par les produits d’épargne retraite (fonds en euros, unités de compte, SCPI, etc.) ne sont pas imposés immédiatement.
- Les arbitrages (changement de supports) sont fiscalement neutres.
- Seuls certains supports (par exemple, distributions d’intérêts) peuvent être soumis aux prélèvements sociaux.
En résumé, le PER favorise la capitalisation à long terme, sans fiscalité intermédiaire.
Fiscalité à la sortie du PER
La sortie peut se faire au départ à la retraite, ou dans certains cas, par déblocage anticipé.
Sortie en capital
- Versements déductibles : la part correspondant aux sommes déduites est imposée au barème progressif de l’impôt sur le revenu.
- Produits et plus-values : soumis au Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU) de 30 % (12,8 % IR + 17,2 % prélèvements sociaux).
Exemple chiffré :
Un épargnant qui a versé 20 000 € déductibles et dont l’épargne a généré 5 000 € d’intérêts :
- Les 20 000 € seront imposés comme revenus.
- Les 5 000 € seront taxés au PFU de 30 %.
Sortie en rente viagère
Le capital peut être converti en rente viagère.
- Seule une fraction de la rente est imposable, en fonction de l’âge au moment du premier versement :
- 70 % imposable si < 50 ans.
- 50 % si entre 50 et 59 ans.
- 40 % si entre 60 et 69 ans.
- 30 % si plus de 69 ans.
- La fraction imposable est ensuite soumise à l’IR, et aux prélèvements sociaux (17,2 %).
Exemple : à 62 ans, une rente viagère de 10 000 €/an → seulement 40 % (4 000 €) est soumis à l’impôt.
Sortie mixte (capital + rente)
Le PER offre aussi une option mixte : une partie en capital, une partie en rente viagère. Cela permet de combiner liquidité immédiate et complément de revenus réguliers. Chaque partie est imposée selon ses règles propres.
Cas de sorties anticipées et fiscalité associée
Achat de la résidence principale
Le PER peut être débloqué de façon anticipée pour financer l’acquisition de la résidence principale.
- La part en capital est imposée comme des revenus (sauf si versements non déduits).
- Les gains restent soumis au PFU de 30 %.
Cas exceptionnels (accidents de la vie)
La loi prévoit des cas de déblocage anticipé exonéré :
- Décès du conjoint ou du partenaire de PACS.
- Invalidité grave.
- Surendettement.
- Expiration des droits aux allocations-chômage.
- Liquidation judiciaire.
Dans ces cas, les sommes versées peuvent être exonérées d’impôt, mais les produits restent soumis aux prélèvements sociaux.
Comparatif : PER et autres placements
Assurance-vie
- À l’entrée : pas de déduction fiscale.
- À la sortie : fiscalité plus souple, abattement après 8 ans, transmission avantageuse.
PEA
- À l’entrée : pas d’avantage fiscal.
- À la sortie : exonération d’impôt sur les plus-values après 5 ans (mais prélèvements sociaux dus).
Le PER est plus avantageux fiscalement à l’entrée, l’assurance-vie plus souple à la sortie.
Avantages et limites de la fiscalité du PER
Avantages
- Réduction immédiate d’impôt grâce à la déduction fiscale.
- Capitalisation sans frottement fiscal.
- Sortie flexible : capital, rente viagère, mixte.
Limites
- Fiscalité parfois lourde à la sortie.
- Épargne bloquée jusqu’à la retraite sauf exceptions.
- Nécessité d’arbitrer entre déduire ou non ses versements.
Optimiser la fiscalité de son PER
- Bien utiliser les plafonds de déduction fiscale chaque année.
- Mutualiser les plafonds au niveau du foyer fiscal.
- Pour les revenus élevés : intérêt maximal de déduire.
- Pour les revenus modestes : parfois préférable de ne pas déduire pour alléger la fiscalité à la sortie.
- Anticiper son taux marginal d’imposition futur.
- Se faire accompagner par un conseiller en gestion de patrimoine.
Conclusion
La fiscalité du PER est à la fois un formidable outil de défiscalisation et une source de complexité. À l’entrée, les versements volontaires déductibles permettent de réduire son impôt sur le revenu. Pendant la phase d’épargne, les gains sont capitalisés sans imposition immédiate. À la sortie, les règles varient selon que l’on opte pour le capital, la rente viagère ou une combinaison des deux, avec des impacts fiscaux parfois conséquents.
Bien utilisé, le PER permet de préparer sa retraite tout en profitant d’un avantage fiscal immédiat. Mais il demande une stratégie adaptée à son profil et à son avenir fiscal. Avant de souscrire, il est recommandé de vérifier son plafond annuel de déduction, de comparer avec d’autres solutions comme l’assurance-vie, et de se faire conseiller pour optimiser sa situation.
En clair : le PER est un outil puissant, mais il faut savoir l’utiliser intelligemment pour en tirer tout le bénéfice.